Les débats au sein de l’UE sur la pêche ont été très médiatisés ces derniers mois, notamment à cause de la controverse autour de la pêche électrique. Cette pratique, qui peut être utilisée par des chaluts à perche et qui consiste à envoyer des décharges électriques dans les fonds marins, a focalisé l’attention de plusieurs ONG, États membres et figures politiques. Elle est en théorie interdite depuis 1998, mais sous la pression de chalutiers néerlandais, des dérogations existent depuis 2007 dans la mer du Nord, où la pêche électrique peut être utilisée par jusqu’à 5% de la flotte de chaluts de chaque État membre. Les partisans de cette pratique mettent en avant l’effet bénéfique qu’elle aurait sur l’environnement, car elle peut réduire la consommation de fioul des chalutiers et serait moins destructrice que les chaluts classiques. Les détracteurs, dont notamment l’ONG Bloom qui avait porté plainte auprès de la Commission européenne contre la pratique, soutiennent qu’elle a un effet dévastateur sur la biodiversité, portant dommage aux œufs de poissons et à d’autres espèces que celles visées. Les poissons remontés sont souvent couverts de brûlures, d’ecchymoses, ou ont subi des déformations de squelette.
Dans une proposition de règlement sur la protection des écosystèmes marins, la Commission européenne prévoyait non seulement de préserver la dérogation de 2007, mais d’en faciliter l’octroi. Suivant une forte mobilisation autour du sujet, le Parlement européen a adopté son rapport sur cette proposition de règlement le 16 janvier 2018, introduisant des amendements pour interdire totalement la pêche électrique, et annulant donc la dérogation de 2007. Sur cette série d’amendements, 402 députés ont voté pour l’interdiction, 232 ont voté contre, avec 40 abstentions. Cette question n’est pas réglée, car le texte du règlement va faire l’objet de négociations entre la Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil de l’UE, afin de trouver un accord sur une version définitive du règlement. Les Pays-Bas continuent de défendre la pêche électrique, alors que d’autres pays comme la France se sont positionnés contre. Vue l’attention médiatique et politique qu’a créé ce débat, la question de comment le poisson arrive dans nos assiettes risque d’encore susciter des remous à Bruxelles et à Strasbourg dans les mois qui viennent.