La pomme, fruit de l’Arbre de Vie et de la Connaissance est, depuis la nuit des temps, le symbole universel de la séduction et de l’offrande, du Bien et du Mal. La pomme, c’est ce fruit d’or de l’immortalité que vola Héraclès au jardin des Hespérides, et aussi ce fruit de la tentation et de la déchéance que croquèrent Adam et Eve au jardin d’Eden. Mais, depuis toujours, la pomme est ce fruit chargé de mystère, unique et multiple à la fois, dont bien des artistes tels Cézanne ou Magritte s’inspirèrent pour en saisir l’intemporalité.
La pomme aujourd’hui ? Mais c’est la Normandie ! Elle en est la gloire et en possède la saveur.
Elle en est aussi l’ornement quand, au printemps, les pommiers forment des grosses touffes rosées, épanouies, dans le vert tendre des prairies. La pomme serait donc un fruit spécifiquement normand ? L’Histoire ne le prouve pas explicitement. A coup sûr, elle nous viendrait de l’Orient, connue dès l’Antiquité par les Grecs et les Egyptiens. Et ce sont les Croisés qui la ramenèrent dans nos régions. On raconte même que ce sont les Basques de La Biscaye qui en 1573 apportèrent le « sildre » en Normandie et que c’est un certain gentilhomme espagnol Darous de l’Estre, débarquant un jour dans le Cotentin, qui y introduisit du côté de Valognes les meilleures variétés de pommes douces parvenues jusqu’à nous.
On sait aussi que le pommier était considéré comme arbre sacré par les Druides celtes. Au Moyen Age, la Normandie constitue le principal verger du pays, notamment dans le calme des monastères. C’est à cette époque que l’on constate le développement de cette culture quand le cidre remplace la cervoise. Mais le cidre d’alors, issu de pommiers sauvages, devait être de piètre qualité. C’est donc beaucoup plus tard, vers le XVIIIe et surtout au XIXe siècle, que la culture du pommier se généralisa et gagna une grande partie de la Bretagne et de la Normandie pour obtenir le cidre mousseux tel que nous le connaissons de nos jours et les pommes joufflues et croquantes sur nos tables.