Dès l’ouverture de cette 10e édition, le verre sérigraphié du célèbre nu de Courbet a attisé les convoitises, tandis que le chef étoilé a, lui, réveillé les papilles. Ce rendez-vous porté par une bande de copains est celui des gens vrais. La preuve.
Il est 15 h 30, ce samedi. Les baies vitrées du CLA, judicieusement placées, offrent un décor automnal rêvé qu’un soleil déclinant donne la sensation aux visiteurs d’évoluer dans un des tableaux peints par Courbet. L’artiste était de toutes les discussions ce samedi au salon Vins et saveurs en pays comtois. Ou plutôt, sur toutes les… lèvres. La faute à Léon Bole, et sa joyeuse bande, qui ont décidé à l’occasion de cette 10e édition de marquer les esprits, en faisant sérigraphier L’Origine du monde sur le verre offert en contrepartie de l’entrée.
« Si je paye une seconde entrée, aurai-je droit à un second verre ? » La ritournelle de la journée est vite devenue entêtante. À l’entrée, dès qu’une file d’attente se formait, les regards se faisaient plus inquiets. Avant la délivrance à la vue de l’objet le plus convoité de la vallée de la Loue, ce week-end. Le choix était osé, ils l’ont fait. Et ils ont bien fait de le faire, la fréquentation samedi soir affichant un compteur record pour une première journée, avec 1 500 visiteurs. Le fameux nu y étant sûrement pour beaucoup. Les 3 000 verres seront-ils suffisants ? Réponse au bout du week-end…
15 h 30 ce samedi, essoufflé, Jacques Barnachon fait son apparition, sa cuisine de campagne dans des caisses. Face au chef étoilé venu entre deux services réaliser des recettes, un parterre d’une soixantaine de personnes salue l’artiste. Le temps pour lui de chausser toque et tablier, et le voilà, micro dans une main et fouet dans l’autre, tout à sa passion, débuter son show.
Du poulpe façon Barnachon
En un peu plus d’une heure, l’enfant de Bonnétage avait conquis tous les palais avec son tartare de chevreuil aux champignons des bois et son ragoût de saucisse de Morteau, pomme de terre et poulpe. Avant de s’en retourner combler les 120 convives attendus samedi soir dans son restaurant, ce défenseur du terroir, non sans conseiller quelques divins nectars présents dans les allées du CAL pour accompagner ses deux recettes, rendait un vibrant hommage aux organisateurs du salon : « Dans le monde individualiste où l’on vit aujourd’hui, en venant ici même l’an passé, jamais je n’aurais pensé rencontrer des gens aussi humains. Une belle humanité anime ce groupe de bénévoles, qui ne recherche pas la gloire, mais qui est animé par la seule volonté de valoriser des savoir-faire et défendre nos terroirs. Alors, tant qu’ils me le demanderont, je répondrai présent… »
Le brouhaha se faisait de plus en plus intense, accompagnant le ballet des chariots et autres diables chargés de cartons de bouteilles. Les vingt-six viticulteurs n’en finissaient plus de raconter ces tranches de vie qui font que leurs crus sont uniques. Le salon Vins et saveurs est bien parti pour décrocher un… vin sur vin.
Le Salon des vins et saveurs en Pays Comtois, c’est quoi pour vous ? – « Cuisiner pour des amis »
Samedi midi, c’est le chef Euro-Toques du Café des Arts qui, comme l’an passé, avait la lourde responsabilité de réaliser un menu à servir en plateau à une centaine de visiteurs chanceux : « C’est un plaisir que d’être associé à cette manifestation. Un rendez-vous entre amis… » Sa terrine maison comme son poulet cuisiné au Savagnin n’ont fait que des heureux. Le double aurait été nécessaire pour répondre à la demande. Dommage du peu.
L’Est Républicain / Damien ROSET
Parution du 10 novembre 2019